Swmin
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Swmin

forum sur star wars miniature
 
AccueilAccueil  PortailPortail  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  MusiqueMusique  
-35%
Le deal à ne pas rater :
Pack Smartphone Samsung Galaxy A25 6,5″ 5G + Casque Bluetooth JBL
241 € 371 €
Voir le deal

 

 "En croyant tout gagner"

Aller en bas 
AuteurMessage
Ono Ujia
Novice
Ono Ujia


Nombre de messages : 43
Age : 36
Localisation : En cours avec Gérard Miller
Date d'inscription : 13/02/2006

"En croyant tout gagner" Empty
MessageSujet: "En croyant tout gagner"   "En croyant tout gagner" EmptyDim 7 Mai - 19:38

Conformément à la volonté de notre Razidan préféré, je vais lâchement profiter de la partie "divers" de ce forum pour y exposer les litres d'encre gaspillés à écrire un bout de roman.
Rien à voir avec star wars, c'est du médiéval fantastique noir. Du "low-fantasy" pour ceux qui connaissent le genre.
A partir du second post, je ferais un post par chapitre. Puisqu'ils seront vraisemblablement très longs, je vous conseille de les imprimer avant de les lire. Ce sera beaucoup plus agréables pour vos petits yeux de lecteurs innocents.
Si mes élucubrations interessent les bonnes perssonnes : je recherche des artistes pour illustrer quelques scènes de ce roman. Que les interessés me mailent.

Inutile de vous mettre en garde contre un quelconque danger lié à la lecture de ce texte (Mis à part l'épilepsie. J'y suis pour rien, mais l'épilepsie, c'est dangereux), tout est dans la préface.

Une dernière chose enfin : dans un soucis de cohérence et de simplicité, je vous serais gré de ne pas poster de réponses à ces messages. Je suis toujours ravi d'avoir des avis sur mes textes, mais je préfère les avoir sur un post à part, plutôt qu'entre deux chapitres.

Bonne lecture.


Dernière édition par le Dim 7 Mai - 20:01, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://kunekokun.skyblog.com/
Ono Ujia
Novice
Ono Ujia


Nombre de messages : 43
Age : 36
Localisation : En cours avec Gérard Miller
Date d'inscription : 13/02/2006

"En croyant tout gagner" Empty
MessageSujet: Re: "En croyant tout gagner"   "En croyant tout gagner" EmptyDim 7 Mai - 19:50


Avant propos

Lecteurs, cet avant propos vous est directement adressé et doit être lu avant la lecture du texte proprement dit, sous peine de vous méprendre sur la teneur intellectuelle et philosophique des messages qu’il véhicule.
Tout d’abord, puisque ce texte est entre vos mains, je suppose que vous devez vous attendre à ce que vous allez lire. Loin de moi l’idée de vous détromper, j’y dépeins un monde froid et sanguinaire qui ne laisse place ni à la bonté, ni à l’amitié ni à aucun principe moral.
Le « héros » ou plutôt le protagoniste puisqu’un tel homme ne peut pas mériter le titre de « héros », est un homme corrompu par le monde qu’il l’entoure, ce qu’il l’amène à devenir quelqu’un de mauvais et de méprisable qui renvoie au centuple la haine dirigée contre lui.
Le monde est violent, le héros l’est aussi et ce faisant, l’humanité retourne à son état bestial qu’elle n’a selon moi, jamais quitté.
Toutefois, sachez qu’en aucun cas je ne fais l’apologie du viol ou de la violence gratuite. Je suis moi-même non violent et ce livre ne représente pas du tout la vision que je me fais du monde. Il s’agit d’un conte à portée philosophique et non d’un message propagandiste ou militant, que cela soit tenu pour dit. Il n’y a pas de rapports directs entre la société dépeinte dans ce livre et la notre, si ce n'est un des nombreux aspects de la nature humaine. Il y a bien un message profond mais j’espère qu’il n’apparaîtra pas au premier abord.

Avant de jeter rageusement cet ouvrage en déclarant qu’il ne s’agit que de divagations sans talent d’un esprit malade, je serait également heureux que vous le lisiez jusqu’à son point final. Enfin, vous pourrez canaliser toute votre rage et toute votre révolte, la partager avec vos proches et m’envoyer une lettre signifiant à loisir. « Je vous hais » ou « Je déteste ce que vous écrivez ».

Lorsque je recevrai ce genre de messages, je prendrais une grande respiration en me disant que finalement, j’avais raison.
Revenir en haut Aller en bas
http://kunekokun.skyblog.com/
Ono Ujia
Novice
Ono Ujia


Nombre de messages : 43
Age : 36
Localisation : En cours avec Gérard Miller
Date d'inscription : 13/02/2006

"En croyant tout gagner" Empty
MessageSujet: Re: "En croyant tout gagner"   "En croyant tout gagner" EmptyDim 7 Mai - 19:52

Chapitre I

Autour de lui, tout était noir. Il était traîné par deux hommes dans cet univers sombre et glauque, dans lequel se mêlaient diverses odeurs aussi étranges qu’infectes. A plusieurs reprises, il avait trébuché sur quelque chose et crût qu’il allait tomber, mais à chaque fois, les bras puissants qui l’entraînaient inexorablement dans un lieu qu’il ne connaissait ni ne voulait connaître, le rattrapaient et le forçaient à accélérer le pas. Il respirait un air tantôt glacial, tantôt moite, chaud et humide et ses pieds nus se raidissaient de froid au contact du sol de pierre sale. Il sentait d’ailleurs que le sol était recouvert de substances et de liquides étranges, et il avait trop froid pour pouvoir ressentir le dégoût que ce lieu lui aurait autrement inspiré.
Il se demanda alors s’il n’était pas en enfer. Ses gardiens n’étaient-ils pas les serviteurs d’un dieu sombre, l’amenant au plus profond des entrailles de la terre pour lui infliger ses peines ? Il tenta de se dégager, mais ce fut peine perdue. Il avait déjà été roué de coups auparavant et n’avait plus ni la force ni la volonté de se battre.
Les idées se bousculaient anarchiquement dans sa tête, rajoutant encore à la souffrance morale qui était la sienne.
Avant d’y être entré, il n’avait jamais imaginé qu’un tel lieu pouvait exister. Même l’idée de l’enfer lui semblait soudainement douce et clémente lorsqu’il la comparait à l’horreur qu’il était en train de vivre. Si on lui avait annoncé qu’on le menait à la potence, il n’aurait pas été plus furieux et plus désespéré qu’en ce moment même.
Soudain, ses deux gardiens s’arrêtèrent et leurs gants de mailles imprimèrent leurs anneaux dans sa chair un peu plus profondément. Il entendit un long grincement métallique et devina les lignes d’une porte grillagée dans l’obscurité.
- Avance, tonna la voix monocorde et machinale d’un des deux gardes. Le
second ajouta une insulte mais le prisonnier n’y fit pas attention.
Il obéit finalement : qu’aurait-il pût faire d’autre ? Le grincement de la porte qui se referma derrière lui précéda le cliquetis stressant de la clé qui la scellait, puis le martèlement des pas cadencés des deux soldats qui s’éloignaient, leur besogne accomplie.
Les yeux du jeune homme s’habituèrent lentement à la noirceur de son environnement. Une petite lucarne inutilement flanquée de barreaux laissait pénétrer la pâle lueur de la lune à l’intérieur de la geôle.
Des chaînes rouillées pendaient aux murs, souvenirs muets des temps barbares où le pays comptait la torture parmi ses arts, le sol était glaireux et d’étranges substances le recouvraient par endroits.
Il s’avança lentement vers le centre de la pièce. Que devait-il faire, à présent ? S’asseoir dans un coin pour attendre que les regrets et la faim aient raison de lui ? Lorsqu’il sentit les sanglots de son âme tenter de s’extirper de sa gorge et par ses yeux, il cracha sur le sol et jura.
- Soyez maudits, bande de porcs !
Ce n’était pas tant l’allure glauque et morbide du lieu dans lequel il allait certainement finir sa vie que son impuissance face à sa propre condition qui avait manqué de lui arracher une larme.
Faute de pouvoir faire autre chose, il s’adossa à un mur et laissa doucement glisser son dos vers le sol, pour finalement s’y asseoir et fermer les yeux. Bien qu’il avait sommeil, il savait pertinemment que même s’il le voulait, il ne pourrait pas dormir : le dégoût, la colère, la rage et le désespoir l’en empêcheraient certainement.
Il inspira profondément et tenta de vider son cœur. Il fallait qu’il se calme pour pouvoir réfléchir posément. Tant qu’il serait vivant, il lui resterait sa tête pour penser et son âme pour espérer.
Lorsqu’il rouvrit les yeux, il aperçut une forme noire, encore indistincte, allongée de l’autre coté de la cellule. Il sursauta : il y avait une autre personne dans cette cage !
Il cligna des yeux et tenta de le distinguer plus précisément. Visiblement voûté par les âges, le second prisonnier affichait un visage clos et empreint de rides profondes. La tête posée sur un étrange foulard, il était vêtu de loques déchirées et était effroyablement sale. Il dégageait une puissante odeur de crasse et ses yeux étaient fermés aussi paisiblement qu’un nouveau-né, à tel point que le jeune homme se demanda dans un premier temps s’il n’était pas mort.
Il le héla à deux reprises, mais le vieil homme ne bougea pas. Haussant un sourcil, il s’avança vers le vieillard et le secoua doucement.
Cette fois-ci, le second prisonnier eut une réaction. Un grommellement incompréhensible s’échappa de sa bouche ridée et ses paupières s’ouvrirent doucement.
- Tiens, murmura-t-il en grognant à moitié. Je ne t’avais pas entendu arriver…
Il se releva difficilement et s’assis sur le sol, pour dévisager son nouveau compagnon de fortune.
- Qui es-tu, jeune homme ? Reprit finalement le vieux captif sur une voix étrangement bienveillante. Pourquoi es-tu ici et pourquoi m’as-tu réveillé ?
- Je me nomme Cathar, aîné de la famille des Dameth, lui répondit le jeune homme. Je suis ici à la suite d’une longue histoire et si je t’ai réveillé, grand-père…
Il inspira longuement et regarda nerveusement autour de lui. Lorsqu’il ne parlait pas, un silence presque complet régnait dans la prison, uniquement troublé par les pas lointains des gardes en patrouille et par le léger tissu de ronflements des occupants endormis des autres cellules.
- C’était pour m’assurer que je ne partageais pas ma cage avec un cadavre.
A la lueur des étoiles, un petit sourire illumina le visage du vieillard. Ses yeux las et dénués de vie fixèrent avidement ceux de son jeune compagnon d’infortune et l’expression de son vieux visage sembla exprimer une ironie si cruelle envers lui-même que ses lèvres n’osèrent l’exprimer. « C’est une question de point de vue… » semblait-il vouloir dire.
- Et toi, grand-père, reprit Cathar. Qui es-tu et depuis combien de temps est-tu là ?
- Je m’appelle Tristhan et ma famille n’as pas autant d’éclat que la tienne, gamin.
Le ton de la voix du vieil homme était toujours aussi amicale et son sourire grinçant semblait ne pas avoir bougé d’un pouce.
- J’ai arrêté de compter les jours depuis que je me suis aperçu que cela me rendait fou, reprit-il. Alors je dirais deux, peut-être trois ans.
« Trois ans… » Le jeune prisonnier retomba sur ses fesses. Tant que ça ! Jamais il ne pourrait supporter de vivre aussi longtemps dans un espace aussi sale et aussi petit !
Tristhan croisa les bras et s’installa plus confortablement sur le mur. Il faudra bien, de toutes façons, que le jeune homme se fasse à sa nouvelle condition, puisqu’elle était destinée à ne pas changer pendant très longtemps.
Le hululement étrange d’un hibou se fit entendre par la petite lucarne, avant que la bête ne s’envole à la recherche d’une proie, laissant le silence retomber dans la prison.
Cathar voulait s’enfuir et dès que la situation se présenterait –car elle se présenterait, comment pourrait-il en être autrement ? –, il s’évaderait et chercherait à se venger. Que ce soit ou non au mépris de sa propre vie, il ne supportait pas de se voir traiter comme un animal indigne ou comme un trophée de guerre.
- Comme je te l’ai dit, gamin, tu es là pour longtemps, rationalisa le vieux prisonnier. Tu m’as réveillé, alors pourquoi ne pas te calmer et tout me raconter ?
La rage avait enflé dans le cœur du jeune homme et son visage avait légèrement rougi, mais une longue inspiration lui permit de reposer à nouveaux ses nerfs trop tendus. Le petit vieux lui révélait une vérité cruelle, mais cela restait la vérité. Il était là, dans cette geôle puante et n’avait et n’aurait certainement jamais de moyen d’en sortir. Puisque ce vieillard était la seule compagnie dont il pouvait dorénavant jouir, il décida de rester en bons termes avec lui.
Il se rassit convenablement en face de son interlocuteur et le prévint qu’il s’agissait d’une longue histoire.
- Prend ton temps, gamin, lui répondit Tristhan. Ici, on a tout le temps qu’il nous faut.
Le garçon haussa finalement ses épaules. Le vieux avait raison : il ne perdrait rien à faire sortir la haine qu’il avait sur le cœur. Il inspira une nouvelle fois et chercha par où il pouvait commencer.

« Je suis né dans le compté d’Altesa et c’est là que j’ai vécu toute ma vie. Je suis quelqu’un de bonne naissance, expliqua-t-il. J’ai eu une enfance heureuse, dans l’argent et dans le luxe. Gamin, j’ai eu tout ce qu’un gosse pouvait espérer de la vie : de l’argent, de l’éducation, de l’entraînement aux armes et un avenir glorieux. Jusqu’à mes dix huit ans, j’ai appris à manier la claymore avec tous les maîtres les plus fameux et m’en suis tiré à chaque fois, couvert d’éloges. Sans qu’elle ne parvienne à me hisser au rang des grands nobles du compté, ma maîtrise me forgeait peu à peu une réputation de jeune chevalier prometteur. On m’invitait aux fêtes et aux banquets importants, pendant que les écuyers de mon âge nettoyaient les écuries. J’ai entendu plusieurs fois le père de notre seigneur Sigurd, lorsqu’il était encore sur le trône de la région, s’impatienter que je finisse mon entraînement et que j’entre enfin à son service.
Lorsque celui-ci mourut, j’avais seize ans. Son enterrement fut discret et je n’eus pas l’honneur d’y assister, mais je sais que deux jours plus tard, on célébrait l’avènement du grand Sigurd, qui allait devenir le plus grand seigneur de tout le pays.
Il est âgé de trois ans de plus que moi, mais il s’agit d’un véritable héros. C’est le dieu de la lame et du verbe, qui rivalise –et qui surpasse ! – avec les guerriers les forts et les érudits les plus sages de tout le pays. Je ne lui avais jamais parlé et ne le connaissait qu’à travers les éloges qu’on me faisait de lui, mais pour ma gloire et mon honneur, je fus invité à son couronnement.
C’est la première fois que j’entrais dans la salle du trône. Mon père m’avait vêtu d’une robe de frotte-manche dans laquelle j’étais un peu à l’étroit, mais qui convenait mieux à la cour que mon armure d’écuyer. La salle était murée et dallée de marbre blanc et des inscriptions d’or magnifiques étaient faites sur les colonnes qui soutenaient la voûte gigantesque au-dessus de nos têtes. Une foule compacte de nobles plus ou moins importants, composée de chevaliers, de flatteurs bien-nés et de sages, était présente et je dus jouer des coudes pour parvenir à entrapercevoir le nouveau seigneur. Fidèle à sa réputation, il était arrivé en grandes pompes, digne et magnifique. Son couronnement fut applaudi et acclamé avec vigueur et avec son avènement, une grande ère de prospérité débutait. Je ne me suis jamais senti aussi important que lorsque je vis la couronne d’or blanc et de diamants se poser sur ses cheveux noirs… »
- Très bien, le coupa le vieil homme, une main sur sa longue barbe grise. C’est très louable à toi, mais je ne saisi pas le rapport avec ta présence ici.
- Je pense que tu ne peux comprendre la douleur de ma chute, lui répondit Cathar, qu’en sachant d’où je suis tombé et…
Il s’arrêta un moment pour réfléchir à ce qu’il allait dire. Son histoire était encore longue, mais peut-être en disait-t-il trop, après tout. Il se frotta les mains pour les réchauffer et s‘assit en tailleur, pour reposer son fessier endolori et gelé par le sol de pierre.
- Je te demande pardon, s’excusa Tristhan. Je ne voulais pas te couper, je t’en prie, continue.
Cathar hocha la tête, passa une main dans sa barbe naissante et se décida à reprendre son récit là où il l’avait arrêté.

« Deux ans plus tard, disais-je, je me voyais augmenter à mon tour, au titre de chevalier. Je reçus une vraie épée et une véritable armure et je tirais de ce nouveau titre une très grande fierté. Peu après cela, mon père, un guerrier aux ordres du royaume depuis son enfance, rendait l’âme. Mais je suppose qu’il le fit paisiblement, puisque me voir chevalier à mon tour était l’un de ses souhaits les plus chers.
Au service du seigneur Sigurd, j’eus l’impression de commencer une nouvelle vie. Je me fis de nouveaux amis et délaissais les anciens qui ne m’avaient jamais que méprisé, après tout.
Parmi les chevaliers que je côtoyais tous les jours à partir de ma nomination, l’un d’eux semblait particulièrement doué. Il se nommait « Graam » et concentrait en lui toutes les vertus qu’un chevalier désirait obtenir. Il était fort, courageux, rusé, charismatique et plaisait aux dames comme à son sire. Je l’enviais beaucoup et pendant longtemps, mais à force de le détester, je devins son ami.
Il était fort plaisant et sa conversation était agréable. Il était ambitieux mais savait rester modeste, ce qui rendait ses qualités plus brillantes encore. Lorsque j’étais comparé à lui, je n’étais qu’un chien.
Lorsque le Pontife du comté appela à la Sainte Croisade contre les nations à l’Est du Pays, le seigneur Sigurd se résolut à partir avec les vétérans de sa garnison. Graam et moi étions jeunes et destinés à rester au pays, mais puisque notre talent n’était pas passé inaperçu aux yeux de notre seigneur, nous fûmes promus, lui au rang de maréchal, moi à celui de grand lieutenant.
En l’absence de notre seigneur, c’est son frère qui régna sur le comté, juste devant le maître trésorier et le maréchal. Alors commença à se dérouler une comédie que je ne cesserais jamais de regretter.
Le nouveau comte et le trésorier détenaient désormais le pouvoir politique et Graam se mit à les courtiser tous deux. Pendant qu’il s’affairait à les endormir dans l’or qu’il leur offrait et dans les jolis dons qu’il leur promettait, il enrageait contre eux le cœur des chevaliers dont je faisais parti. Puisque j’étais son compagnon le plus dévoué, il me fis part de ses plans : Il comptait mener dans le comté une invasion de l’intérieur et en prendre le contrôle. Puisque sa réputation n’était plus à faire et que le Grand Sigurd n’était plus là pour lui faire de l’ombre, il y arriverait sans problèmes. Il me promit plus d’or et des titres que ma vie au service de Sigurd n’aurait pu me faire espérer. Je ne m’étais pas aperçut que lorsqu’il corrompait ainsi mon cœur, il me flattait au même titre que le comte et que le trésorier.
Moins d’un mois après le départ des troupes du seigneur, nous entrâmes armés dans le palais. Quelques chevaliers tentèrent de nous arrêter, mais nous étions si nombreux qu’ils furent tous réduits en pièces. Nous massacrâmes non seulement le trésorier et le nouveau comte, mais également leur famille, leurs amis et leurs flatteurs. Pendant le massacre, nombre d’entre-nous laissèrent libre cour à leurs pulsions et à leurs bas-instincts. Je me souviens avoir personnellement violé en public la fille du comte. Dans ces moments là, alors que la fureur des armes et l’appel du sang sont les seules lois, il n’y a plus d’êtres humains. Il n’y a plus que les proies et les prédateurs. A ce moment là, je n’étais plus un homme, mais un animal sauvage. Comment expliquer ce blasphème autrement ? Comment expliquer que moi, Cathar Dameth, l’un des meilleurs chevaliers du comté, ai fécondé contre son gré la nièce de mon propre suzerain ?
Ce n’est pas tant que je le regrette qui me dérange, car je ne le regrette finalement pas. C’est la perte du contrôle de ma propre personne et l’idée que cela pourrait advenir de nouveau, qui me laisse pantois. Les chevaliers ne valent pas mieux que les autres hommes. Tous ne sont finalement que des animaux… »
Revenir en haut Aller en bas
http://kunekokun.skyblog.com/
Ono Ujia
Novice
Ono Ujia


Nombre de messages : 43
Age : 36
Localisation : En cours avec Gérard Miller
Date d'inscription : 13/02/2006

"En croyant tout gagner" Empty
MessageSujet: Re: "En croyant tout gagner"   "En croyant tout gagner" EmptyDim 7 Mai - 19:53

Le vieil homme passa sa main dans sa longue barbe grise et fixa le sol. Des animaux ? Peut-être, mais il en doutait fortement. Les animaux auraient-ils pût espérer devenir autre chose que ce à quoi la naissance les avaient destinés ? Deux chiens auraient-ils pût, en s’aboyant à la gueule, faire cas de leur honte d’avoir forniqué avec une créature d’un autre sang ?
- Quant à savoir s’il s’agit d’une qualité ou d’une tare, termina Tristhan, je ne pourrais pas te répondre. Je ne sais pas grand chose, gamin. L'expérience n'apprend rien aux idiots.
Autour d’eux, les échos des pas s’étaient évanouis et les créatures nocturnes s’étaient tues, laissant les deux hommes dans ce monde noir, froid et silencieux qui était dorénavant le leur.
Les poils qui recouvraient les bras de Cathar se hérissèrent et celui-ci ne pût se convaincre que c’était à cause du froid. Il prit le temps de réfléchir à ce qui avait été fait et à ce qu’il avait dit. Ne serais-t-il pas en train de se mentir, après tout ? Il ne regrettait aucunement d’avoir violenté la nièce de Sigurd et se souvenait y avoir éprouvé du plaisir. Et finalement, si cette situation se reproduisait, qu’est-ce que cela changeait ? Lorsqu’il sortirait –et il sortirait un jour– il aurait droit à une revanche sur le monde. Les instincts et les pulsions animales que les gens éprouvent lorsque personne n’est plus en mesure de les empêcher d’accéder à leurs désirs primaires, iraient dans ce sens.

« Quelques jours plus tard, » reprit-il, « Graam avait pris la place de Sigurd et les chevaliers félons qui avaient étés suffisamment fourbes pour massacrer leurs propres frères, avaient organisé une fête malsaine pour célébrer sa victoire. Il se fit couronner comte et il fut dit à ceux qui n’étaient pas convaincus de la légitimité de ce coup d’état, que Sigurd avait péri en croisade.
Graam était quelqu’un de rusé qui connaissait aussi bien les stratégies militaires que les fourberies civiles, mais demeurait un gestionnaire financier extrêmement mauvais. Il fut tout juste suffisamment sage pour comprendre à temps qu’il ne pourrait pas respecter les promesses faites aux chevaliers les plus éminents de sa suite. L’euphorie de la victoire passée, un doute s’était mis à planer sur moi. Avec le temps depuis lequel je le connaissais, j’avais pris confiance en lui, certainement bien plus que de mesure et le jour où il est venu me quérir, une semaine plus tard, pour me parler de choses « urgentes et privées » -ce furent ses termes-, je ne me suis pas douté un seul instant de ce qui allait se passer.
Nous avons commencé à parler des affaires mondaines et de l’étendue des levées qui étaient dorénavant les nôtres et tandis que nous parlions, des hommes en armes s’étaient approchés, comme s’ils voulaient suivre la conversation sans y participer eux-mêmes. Bêtement naïf, je n’y avais pas fait attention, jusqu’à ce que le regard de Graam ne se durcisse et qu’il se mette à fixer le mien avec colère.
- Tu es quelqu’un d’influençable, Cathar, m’annonça-t-il, tranchant sèchement avec les conversations amicales tenues quelques instants plus tôt. Si j’ai pu te retourner contre un seigneur aussi grand que Sigurd, n’importe quel jeune flatteur pourrait te retourner contre moi.
Et avant que je n’aie pût esquisser un geste, deux des hommes d’armes étaient passés dans mon dos et m’avaient agrippé les bras tandis que deux autres m’avaient désarmé. Si j’en avais eu les moyens, j’aurais certainement tué ces félons, mais ils m’avaient pris tellement au dépourvu qu’il m’avait été totalement impossible de réagir.
Je fus emmené ici et roué de coups. Peu de temps a passé avant que je n’arrive ici pour te tenir compagnie. »
- Je comprends ce que tu ressens, gamin, expliqua le vieil homme. Mais je ne peux que m’imaginer que tu aurais pu facilement éviter tout cela.
Cathar était conscient de tous ses tords. Il avait été ambitieux, perfide et crédule. Avec de tels défauts dans son âme, comment aurait-il pût espérer conserver sa liberté ? Graam était quelqu’un qui avait le verbe plus tranchant qu’une épée : il avait sans peine sondé le cœur du jeune chevalier pour y trouver ces trois travers. Sa tâche accomplie, il s’en débarrassait comme d’un outil usé.
- Il y a peut-être une morale à tout cela ? Supposa Tristhan.
Mais à peine eut-il posé sa question qu’un grand vacarme retentit dans tout le bâtiment. Un bruit liquide et métallique si puissant que les deux prisonniers durent mettre les mains à leurs oreilles et que tout les autres occupants de la prison en furent réveillés.
Un garde en patrouille faisait sadiquement glisser sa matraque de bois sur les barreaux des cages de la prison, avançant nonchalamment sur l’allée centrale et déclenchant les cris des criminels mécontents. La scène dura quelques minutes, au terme desquelles le gardien se lassa de son jeu et retourna se coucher.
« Non, » songea Cathar. « Le monde entier est amoral. »
Au dehors, la lune et les étoiles commençaient doucement à s’effacer et le soleil d’automne ne devrait plus tarder à poindre. Au vu du ciel et de la saison, Cathar supposa qu’il devait être quatre heures du matin.
Il soupira. A force d’en parler au vieillard, les blessures qui menaçaient d’infecter son âme semblaient avoir été nettoyées. La pensée qu’il n’était plus libre le mettait toujours dans une colère difficile à refouler, mais les larmes et les sanglots ne menaçaient plus sa dignité. Il était comme libéré d’un très lourd fardeau.
Autour d’eux, les prisonniers réveillés par le garde se rendormaient doucement. Le sommeil et les rêves leur permettaient d’échapper un temps aux barreaux de leurs cages : les priver de ce répit était réellement l’acte le plus inhumain des gardiens de la prison.
- Je t’ai raconté ma vie, grand-père, fit remarquer Cathar. A ton tour, maintenant.
Le vieil homme parût gêné. Le roman de sa vie n’était pas aussi passionnant que celui qui venait de lui être conté. N’allait-il pas ennuyer son jeune compagnon de cellule ?
- Je suis épuisé mais je n’ai pas sommeil, expliqua Cathar. Si ton histoire m’endors, alors ce ne sera pas une mauvaise chose.
Le sourire grinçant du vieil homme qui avait disparut depuis quelques instants, se traça de nouveau sur son visage.
Revenir en haut Aller en bas
http://kunekokun.skyblog.com/
Ono Ujia
Novice
Ono Ujia


Nombre de messages : 43
Age : 36
Localisation : En cours avec Gérard Miller
Date d'inscription : 13/02/2006

"En croyant tout gagner" Empty
MessageSujet: Re: "En croyant tout gagner"   "En croyant tout gagner" EmptyDim 7 Mai - 19:55

« Je suis né dans une ferme, commença-t-il à son tour. Mon père était fermier et ma mère était la cousine de mon père. Contrairement à toi, gamin, je ne suis pas de bonne naissance. Je suis né dans le fumier de deux crétins du même sang, j’étais sensé y vivre et m’attendais à y mourir. Comme tous les paysans finalement, j’étais destiné à cultiver la terre jusqu’à m’en briser les os.
Alors que je n’étais encore qu’un gosse, l’arrivée d’une caravane marchande sur la place du village me donna soudainement une leçon d’espoir. J’étais fasciné par leurs habits colorés et par leurs manières étranges, par leurs accents curieux et par leurs marchandises exotiques. Ils devaient rester une semaine et cela me laissa le temps de faire connaissance avec eux. Plus j’en apprenais sur eux, plus le désir de quitter le village m’envahissait. Ils me décrivaient la ville d’où ils venaient, me parlaient ses rues dallées, de son grand château blanc, de la magnificence de son église et d’autres merveilles dont j’étais à des lieux d’en soupçonner l’existence. Une semaine plus tard quand ils levèrent le pied, ma décision était prise : je quittais la fange dans laquelle j’étais né pour accompagner ces courageux aventuriers dans leurs longs voyages.
La suite m’ôta bientôt mes jolies illusions. Quelques jours plus tard, nous étions arrivés en ville. Je constatais qu’on ne m’avait pas menti. Il y avait bien des rues en pierre, un fortin sur la colline et une petite chapelle près du quartier bourgeois, mais cela ne ressemblait en rien aux gigantesques monuments auxquels je m’étais attendu.
Devenu un fardeau pour les marchands, ceux-ci se résolurent à m’abandonner ici. Dans leur bonté d’âme, ils me vendirent à un maître artisan qui recherchait un apprenti, avant de repartir avec leur caravane.
Je suis resté avec ce maître que je haïssais pendant dix ans. Pendant ce temps, j’ai appris la ville, ce qui fut long et douloureux. Moi qui n’eus jamais rien connu que la bêche et la charrue me retrouvais soudainement dans un environnement où il me fallu mentir, tricher et voler.
J’en fus déconcerté les premières semaines, mais avec le temps je suis devenu un vrai petit expert des travaux malhonnêtes.
Alors que je devenais un homme, mon maître mourût. Je ne sais pas exactement s’il s’agissait d’une bonne ou d’une mauvaise chose. Il me nourrissait et me logeait, certes, mais je ne pense pas l’avoir regretté une seule seconde lorsqu’on le jeta dans la fosse commune.
Un artisan plus riche racheta aussitôt son atelier à sa femme, me forçant à dormir sous les ponts. Il ne me restait plus alors qu’à mendier et à détrousser les plus faibles que moi.
Et c’est comme ça que j’ai vécu depuis que je suis un jeune homme, à vivre de la pitié des gens le jour et de leur faiblesse la nuit.
Ce fut difficile, encore une fois. Mais je m’habituais bientôt à cette situation et j’y survécu, à défaut de m’y plaire. Je suis resté cette crapule pour le restant de mes jours, mais plus le temps passait, plus mes forces juvéniles me quittaient.
Bientôt, je n’avais plus la force de passer mes nuits à courir après les vieillards et les jeunes femmes. J’ai perdu peu à peu mon désir de survivre et d’avancer, pour finalement devenir la pauvre loque que tu as en face de toi.
Tout a continué ainsi, jusqu’au jour où j’ai commis l’erreur de voler du poisson sur un étalage trop bien gardé avec des muscles bien trop fatigués. J’ai été traîné sur le pilori, où les sales mioches ont pût s’amuser à jeter des fruits murs au visage.
Je n’ai jamais lancé tant de malédictions au monde que ce jour là. Si j’avais possédé plus tôt toutes les tomates et toutes les pommes qu’on m’avais lancé à la figure, quand je fus au pilori, jamais je ne serais devenu un mendiant doublé d’un voleur.
Je n’y suis resté qu’une demi-journée, après quoi on m’amena dans cette cellule en m’arguant que j’en serais bientôt libéré.
Mais je pense que ces crétins ont du oublier ma vieille galoche avec les mois et les années. Enfin, je ne suis pas moins bien ici que dans la rue, finalement. Qu’en penses-tu ? »
Il y eut à nouveau un petit silence. Les deux hommes se regardèrent un instant comme deux chiens de faïence, cherchant vainement à sonder les émotions de leur interlocuteur.
- Je pense que nos histoires sont très semblables, répondit finalement Cathar d’un ton sec. Tu as quitté ton village parce qu’une langue habile a su exalter ton ambition. Toutes mesures respectées, tu n’es finalement pas moins mauvais que moi.
Tristhan haussa les épaules. Ils étaient tout deux des hommes, c’est pour cela qu’ils étaient foncièrement mauvais. C’était vrai que leurs passés se ressemblaient : ils avaient tout deux étés bernés par la promesse d’une vie meilleure et la déchéance les avait amené tout deux au même endroit.
- Au final, conclut le vieil homme après avoir émit un bâillement sonore, tu es tombé de plus haut et nous voilà à égalité. Peut-être n’ais-je pas tant perdu que ça…
Le jeune chevalier bailla à son tour, acquiesçant sombrement aux dires de l’aïeul sans rien ajouter de plus. De la petite lucarne qui donnait sur l’extérieur, on pouvait voir les étoiles et la lune s’effacer, plongeant le monde dans une obscurité éphémère qui précédait le lever du soleil. Le vieillard s’allongea doucement en se servant de son propre bras comme d’un oreiller.
- Ne te vexe pas si je m’endors, gamin, murmura-t-il. Nous reprendrons cette discussion demain, quand nous serons tous deux reposés.
Cathar acquiesça de nouveau dans le silence. Progressivement, il sentit qu’il perdait prise sur son propre corps et sa tête, qu’il balançait doucement d’avant en arrière, vint heurter le mur contre lequel il avait posé son dos.
Cela lui avait fait du bien de parler à ce vieux prisonnier. Le fait de n’être pas le seul dans cette situation lui prouvait qu’il n’était pas le coupable, mais juste une victime parmi les autres. Sans rien changer à sa propre situation, cela le confortait : il avait arrêté de s’en vouloir à lui-même.
« Les traîtres doivent s’attendre à être trahis à leur tour. »
La situation du jeune chevalier correspondait parfaitement à cet ancien proverbe aristocrate. Il avait été trompé depuis le début par Graam et c’était lui le criminel. Maudit soit-il ! Et maudits soient Sigurd, le Pontife et la Sainte Croisade ! Si celle-ci n’avais jamais eu lieu, le criminel captif serait toujours un chevalier libre.
Il ne savais pas quand il pourrais le faire mais dès qu’il sortirais, il prendrait le temps d’assouvir sa juste vengeance contre ces félons qui ne méritaient que le pal.
A force de ruminer les idées noires toujours ancrées dans son cœur, Cathar fini par se laisser flotter dans les brumes confuses qui précédaient l’onirisme, pour finalement tomber dans un profond sommeil chargé de rêves.
Bientôt, un rayon de soleil s’échappa de la lucarne flanquée de barreaux pour venir frapper le visage du jeune prisonnier qui se réveilla aussitôt. Il ne devais pas avoir dormi plus de trois ou quatre heures et c’est difficilement qu’il se releva, pour s’assoire sur le sol crasseux. Des cernes bleues bordaient ses yeux et sa bouche était horriblement pâteuse. Il avais l’habitude de ce genre de réveil et lorsque cette situation venait à se présenter, il aimait courir ou monter à cheval pour rafraîchir son corps et son esprit.
Mais sa condition présente ne lui offrait pas d’air frais et la taille réduite de sa geôle ne lui permettait pas de courir ni de faire quoi que ce soit d’autre, d’ailleurs.
Il se demanda un instant comment Tristhan parvenait à garder toute sa tête dans un pareil endroit. Le chevalier, lui, ne pourrait jamais tenir plus de deux ans dans une cellule si confinée.
Il se leva en laissant échapper un grognement sonore et guttural et regarda longuement la liberté inaccessible que la lucarne lui laissait entrevoir. Instinctivement, il mit ses mains sur les barreaux rouillés qui flanquaient celle-ci et tenta vainement de les arracher. C’était un acte ridicule, puisque même sans ces barres de métal, la fenêtre demeurait bien trop petite pour lui permettre de s’échapper.
Le vieux prisonnier grogna à son tour et ouvrit doucement ses paupières ridées. Soulevant son propre corps avec ses mains, il s’assit finalement et s’adossa contre un mur.
- Belle journée, gamin ? lui demanda-t-il lorsqu’il le vit à la fenêtre.
- Trop belle je pense, répondit Cathar sans se retourner vers lui, pour être appréciée derrière des barreaux.
Une clameur sourde s’empara soudainement de la prison. Le chevalier se retourna vivement, mais son compagnon d’infortune demeura de marbre. Interloqué, le jeune homme se dirigea vers la porte de la prison et constata que les gardes servaient un bol d’une étrange pâte à demi liquide et faiblement odorante par cellule, sans prendre en compte le nombre de prisonniers qui y étaient détenus. Les gardes les servaient hâtivement par une petite fente située sous la porte de barreaux de chaque geôle et passaient immédiatement à la cellule suivante, pressés d’en finir avec leur corvée. Si un bol se renversait ou contenait trop peu de nourriture pour assurer un repas convenable, les geôliers n’en avaient cure et continuaient impassiblement leur service.
Lorsque vint le tour du cachot de Cathar, celui-ci se saisit prudemment de sa pitance qui lui était d’ailleurs servie sans couverts. Une étrange odeur en émanait et ne poussait pas le jeune homme manger de l’étrange bouillie.
- Les cuisiniers de la prison sont des porcs, l’avertit Tristhan sur un ton grave. Prends garde, ils urinent parfois dans la nourriture qu’ils nous donnent.
Le jeune prisonnier lâcha la prise qu’il avais sur le bol de bois et celui-ci se renversa sur le sol dans un bruit mat. Comment était-il possible de rester sain d’esprit dans un tel environnement ?
- Sain d’esprit, je n’en sais rien, avoua le vieillard. Je ne sais même pas si c’est possible. Du reste, je pense que tu t’y habituera.
Cathar se laissa retomber sur ses fesses et pris sa tête entre ses mains. Quand il était petit, ses oncles lui avaient souvent parlé de la prison et des conditions auxquelles étaient réduits les mauvais hommes et les félons, mais le jeune garçon n’avais jamais pris ces avertissements très au sérieux. Comme il le regrettait à présent !
- Je t’en prie grand-père, gémit-il. Dis-moi qu’il y a un moyen de sortir de cet endroit infernal…
Le vieil homme hocha tristement la tête et pointa du doigt une étrange scène qui se déroulait quelques cellules plus loin.
Des gardes armés d’épées avaient ouvert l’un des cachots pour y pénétrer et en ressortir quelques instants plus tard, avec le cadavre d’un homme à demi-décomposé.
Ce n’était pas tant l’idée de la mort qui traumatisa Cathar à ce moment précis. En tant que chevalier, il avait présenté à l’autre monde depuis tout petit, puisque les domestiques de père l’amenaient voir les exécutions publique une fois par semaine. C’était bien plus la perspective de finir ses jours dans cette geôle puante après des années d’oisiveté qui l’effrayait.
Il regarda longuement les geôliers transporter le cadavre purulent avant de tourner à nouveau son regard vers son compagnon de cellule.
- Comment fait tu pour être aussi résigné, grand-père ? lui demanda-t-il en tentant de se ressaisir.
- Je pense, répondit le vieil homme, que j’avais pleuré toutes les larmes de mon corps bien avant d’entrer dans cette cellule. Je ne crois pas avoir la force ni l’envie de recommencer.
Cathar essuya son oeil droit qu’il avait senti s’humidifier : même emprisonné, il restait un homme et devait se surveiller.
Il s’éclaircit la gorge et regarda de nouveau Tristhan dans les yeux pour lui demander s’il n’avais pas des projets ou des idées qui auraient survécu à la prison.
Le vieil homme lui répondit que non dans un premier temps, puis en réfléchissant bien, il retrouva dans sa tête des désirs vieux comme le monde, aussi simples que de désirer une famille, des enfants et une belle maison, peut être un champ à labourer et de temps en temps, une veillée où il pourrait converser avec les autres ancêtres pour partager ses expériences et ses malheurs.
- Mais j’ai tout perdu à force de trop désirer, termina-t-il. Alors je ne désire plus rien que ma prison et ma crasse.
Le jeune chevalier haussa les épaules. Au final, s’ils parvenaient à sortir, le vieil homme n’aurait rien perdu. Il n’y avait que ce mur de pierre, uniquement percée d’une stupide lucarne pour l’empêcher de rejoindre un village de paysans, travailler sur un champs et trouver un endroit vert pour mourir, finalement.
Tristhan hocha pensivement la tête avant de renvoyer la question à son jeune interlocuteur.
- Et toi, gamin, lui demanda-t-il. Que ferais-tu si tu parvenais à sortir d’ici ?
- Je me procurerais une arme, répondit Cathar sans hésitation. Je pense que je me ferais mercenaire. Je vendrais ma lame, j’amasserais un peu d’argent et peut-être que d’aventure, je croiserais Graam…
Il s’arrêta lorsqu’il s’aperçut qu’il parlais comme un livre. De toutes façons, qu’importe, puisqu’il était coincé là, sans espoirs de sortir.
Mais Tristhan le regardait toujours, le scrutait même, ses yeux d’aïeul fixant ceux du jeune avec tant d’intensité que cela en devenait dérangeant. Le garçon fronça les sourcils et se tût, afin de mieux soutenir le regard de son compagnon de cellule.
- Dis moi Cathar, reprit celui-ci d’une voix qui semblait s’être assombrie. Que serais-tu capable de faire en échange de ta libération ?
Revenir en haut Aller en bas
http://kunekokun.skyblog.com/
Ono Ujia
Novice
Ono Ujia


Nombre de messages : 43
Age : 36
Localisation : En cours avec Gérard Miller
Date d'inscription : 13/02/2006

"En croyant tout gagner" Empty
MessageSujet: Re: "En croyant tout gagner"   "En croyant tout gagner" EmptyDim 7 Mai - 19:56

- N’importe quoi !
Le jeune homme aura répondu si vite et si brutalement que si les nerfs de Tristhan en avaient encore la force, ils l’auraient fait sursauter.
Cathar était prêt à tout pour sortir d’ici. Si on lui avait demandé, il aurait été capable de pardonner à Graam et de devenir prêtre. N’importe quelle situation excepté la torture, lui était préférable à la prison.
L’ancêtre sembla hésiter longuement, dévisageant son interlocuteur en passant sa main droite dans sa longue barbe sale.
« Après tout, » songea-t-il. « Là où j’en suis, je n’ai plus grand chose à perdre… »
Il regarda ses pieds, hésitant encore un instant avant d’avouer à son jeune compagnon de cellule qu’il y avait peut-être un autre moyen de sortir de prison.
A cette déclaration, les yeux de Cathar semblèrent s’embraser d’un nouveau souffle de vie. Comment ! Il était donc possible de s’évader ?
Il fixa aussitôt son interlocuteur avec méfiance. S’il s’agissait d’une blague ou d’une plaisanterie, elle était d’un fort mauvais goût.
Toutefois, même si son intellect lui dictait que la prison du Comté était trop bien gardée pour qu’il soit possible de s’en échapper, son âme se saisit de cette occasion pour se purger du désespoir dont elle était imbibée.
C’était comme une sorte d’étrange euphorie qui l’avait gagné en un instant. Un gigantesque déferlement d’émotions violentes et d’idées brutales assaillirent son esprit. Des bribes de bonheur et de colère se mêlaient confusément et sans doute guidée par la fatigue, lui donnèrent rapidement une migraine abominable.
Posant à nouveau sa tête entre ses mains, le chevalier prit le temps de se concentrer à nouveau et de chasser les pulsions de liberté qui tentaient de le soumettre.
Quand les effets immédiats de la déclaration du vieil homme commencèrent à s’estomper, la discussion pût reprendre doucement. Le vieillard parlait à mi-ton et son interlocuteur dût lui répondre à peine plus fort. Si la rumeur venait à se répandre que deux prisonniers détenaient le moyen de sortir de leur trou, les gardes disposeraient des moyens de les en empêcher.
Tristhan lui posa des questions diverses, s’il connaissait la région, s’il savait où ils pourraient se cacher des miliciens et des mercenaires embauchés par les geôliers, par exemple, mais le fit sur un ton un peu lent, comme s’il ne croyait pas vraiment à sa propre proposition.
Cathar lui répondit par l’affirmatif: il avait grandi dans le compté d’Altesa et tous les exercices de chasse et d’équitation lui avaient forgé une connaissance solide du domaine de Sigurd.
Lorsqu’ils se seraient enfuis, ils pourraient se réfugier dans l’un des nombreux villages dans lesquels le jeune prisonnier s’était autrefois arrêté, dont certains se trouvaient très près d’ici.
Le vieil homme passa de nouveau sa main dans sa barbe, l’air pensif, avant de tourner à nouveau son regard vers le jeune homme.
- Cela va certainement te paraître très étrange, gamin, l’avertit-il. Mais il ne faudra me poser aucune question, je ne saurais de toutes façons pas y répondre.
Les sourcils de Cathar se haussèrent d’incompréhension, mais il ne releva pas d’avantage les paroles de l’ancêtre et eut tôt fait de les oublier. Dans l’immédiat, cela lui parût être les balbutiements indignes d’intérêt d’un vieil homme ayant passé trois ans dans la solitude la plus complète.
- Et quand partons-nous ? lui demanda-t-il au terme de quelques instants de silence.
- Sûrement cette nuit, répondit l’aïeul. Les gardiens auront plus de mal à nous suivre à la lumière de la lune qu’à celle du soleil.
Un énorme doute subsista dans l’esprit du jeune homme. Son compagnon de cellule lui parlait d’évasion mais ne disais rien à propos d’un plan éventuel. Lorsque Cathar lui demanda plus de précisions, Tristhan se fit silencieux et ne lui répondit pas, amenant les doutes du jeune homme à grandir dans son cœur. Serait-il sur le point d’être berné par Tristhan après avoir été trompé par Graam ?
Après un instant de réflexion, il supposa toutefois que le vieil homme n’avais aucun intérêt à le mener à la mort ou à une situation qui serait pire que la prison. Cela faisait plusieurs années que le vieil homme se décomposait seul dans la plus abominable des geôles. Cathar ne le connaissait pas assez pour en jurer, mais la perspective de se retrouver de nouveau seul ne devais pas l’enchanter plus que cela.
De plus, le vieillard paraissait un peu fou mais il était certain que l’âge ne l’avais pas encore rendu stupide : s’il parlait d’évasion après tout, il devait avoir un plan derrière la tête.
Un regard à la lucarne barrée révéla au chevalier qu’il ne devait pas être plus de dix ou onze heures de la matinée. Une longue attente s’amorçait alors, mais si le vieillard n’avais pas nourri son âme avec l’espoir soudain d’une libération, la journée aurait été courte mais vaine. Diable ! Que l’attente des bonnes choses rend le temps long !
Autour de lui, l’étrange semblant de vie propre à la prison s’était animé et emplissait l’atmosphère des beuglement des autres criminels et de leurs odeurs diverses.
Si le jeune captif avait été dans son état normal, il aurait certainement ressenti l’envie de déverser sa bile sur le sol, mais les conditions d’espoir dans lesquels il était avaient presque totalement fermé ses sens au monde extérieur.
Il se prit alors à faire des projets et à imaginer sa vie au dehors. Il ne pourrait pas retourner au château pour y vivre à nouveau sa vie de petit prince. Il avait dit au vieil homme qu’il se ferait mercenaire et n’avait peut-être finalement pas menti. Il était un chevalier après tout : avec une épée tranchante et une bonne armure, il pouvait sans peine venir à bout de n’importe quel ennemi, fussent-ils plusieurs même, mais encore fallait-il pouvoir s’offrir cet onéreux équipement.
Peut-être trouverait-il un marchand malhonnête prêt à céder une lame et une cotte de maille contre la disparition d’un concurrent gênant, qui sait ? Au pire, si les épées d’acier étincelantes restaient hors de sa portée, il pourrait toujours profaner la tombe d’un chevalier ou d’un noble, qui avaient pour coutume d’enterrer leurs armes à leurs côtés. Une vieille épée rouillée, c’était mieux que rien et cela lui permettrait de survivre un moment en attendant de pouvoir s’offrir une lame plus aiguisée.
Oh, et puis il était bien trop fatigué pour réfléchir à cela et c’était ennuyeux. En réalité, tout l’ennuyait. Réfléchir, regarder les prairies alentours par la lucarne ridiculement petite, dormir, rester assis, tout était un véritable calvaire. Il voulait sortir et le voulait maintenant !
Mais le temps semblait rire de son impatience. Plus il désirait que la journée soit prompte à s’achever, plus la course du soleil se rallongeait.
A force d’user vainement son énergie dans d’inutiles trépignements, Cathar finit par s’endormir à nouveau, malgré le bruit et les odeurs de la prison.
« Cathar ! » c’était la voix d’une femme ou d’une jeune fille qui l’appelait. Elle lui était familière mais il ne parvenait pas clairement à l’identifier. « Cathar, que fais-tu ? »
La voix se répétait ainsi, inlassablement. Bientôt, elle commença à se déformer. Son ton devint plus fort et moins humain, comme si elle s’asséchait à force de répéter indéfiniment les deux mêmes phrases. « Cathar, Cathar… »
Sans comprendre pourquoi, le jeune homme sentit son corps s’agiter d’étranges spasmes. D’abord sous la forme de légers tremblements à peine perceptibles, ils s’intensifièrent jusqu’à le secouer violemment et le tirant brusquement de son rêve bizarre.
« Cathar, allez ! » La voix n’avais à présent plus rien de la voix d’une jeune fille. C’était la voix du vieil homme penché sur lui, avec lequel il partageait sa cellule. « Réveille-toi, gamin ! »
Le jeune homme bougonna un peu comme il était d’usage de le faire lorsque l’on était tiré d’un agréable rêve, mais le retour dans son esprit de la réalité le rappela à lui-même.
En quelques instants, il fut sur pied. La lucarne laissait filtrer du ciel une lumière écarlate : l’évasion était toute proche.
Tristhan, qui s’était levé pour la première fois depuis que le garçon était entré dans la cellule, étira ses vieux membres et retourna s’asseoir après avoir chuchoté à l’oreille de son jeune compagnon que celui-ci devait se tenir prêt à faire usage de ses jambes.
Le chevalier ne connaissait pas un mot du plan du vieillard et ne lui accordait qu’une confiance extrêmement limitée. Après s’être fait duper par l’un de ses compagnons d’armes les plus chers à son cœur, Cathar n’avais pas envie de faire confiance à qui que ce soit d’autre.
Mais dans le cas présent, le second choix était encore pire : il préférait largement risquer sa vie dans une course éperdue au travers les bois que de rester une journée de plus dans ce minable trou à rats.
Il se leva, s’étira à son tour et échauffa ses membres endoloris par la fatigue et par la dureté du sol. Quelques instants plus tard, lorsque le soleil fut minuscule à l’horizon, Tristhan se releva à son tour.
Recroquevillé dans un coin de la geôle, le vieil homme paraissait déjà maigre mais debout, il était véritablement creux. Sa chair semblait se tendre sur ses os, son ventre inexistant était surplombé par ses côtes, ses bras étaient bien deux fois plus fins que ceux du jeune homme et quant à ses cuisses, Cathar se demanda un instant par quel miracle elles parvenaient à supporter le reste de son corps.
- N’oublie pas, lui rappela-t-il. Ne me pose aucune question.
Encore une fois, le jeune chevalier acquiesça et lui fit rappela à son tour qu’il était prêt à tout. En réalité, il se demandait ce qu’il ferait du vieillard une fois qu’ils seraient tout les deux libres. Il n’allait certainement pas s’encombrer d’un fardeau inutile et tout au mieux, leurs chemins se sépareraient paisiblement une fois que la prison ne serais plus une menace.
Tristhan s’agenouilla sur sa couche, fouilla un peu dans un amas de pierre et de vêtements déchirés et après s’être assuré qu’aucun garde ne patrouillait dans l’allée centrale, découvrit un trou creusé dans le mur qu’il avait dissimulé jusque là sous un tas d’ordures et de loques. Il s’agissait d’un trou petit, mais que l’on pouvait traverser à quatre pattes.
Les yeux du garçon s’écarquillèrent. Comment le vieillard avait-il réussi à creuser ce trou dans un mur de pierres si épais ? Et puisqu’il avait eu de longue date la possibilité de s’enfuir, pourquoi ne s’était-il pas enfui avant ?
Il était manifeste que Tristhan ne lui avait pas tout dit sur son passé et sa présence dans la cellule devait avoir des raisons aussi bonnes que celles qui l’y faisaient rester jusqu’à ce jour.
Soudain, l’aïeul tendit l’oreille et se fit nerveux. Son regard alla rapidement de gauche à droite, avant qu’il ne se tourne vers son jeune compagnon.
- Fais le guet, gamin, lui ordonna-t-il. Je crois que j’ai entendu du bruit.
Le front de Cathar se plissa. Lui n’avait entendu, mais puisque cela pouvait faire plaisir à l’étrange sorcier, hé bien soit. Mais sitôt qu’il s’était dirigé vers la porte de barreaux qui menait vers l’allée centrale, Tristhan le rappela. Ce n’était pas des gardes en patrouille dont il avait peur, mais des autres prisonniers.
Un instant de réflexion suffit au jeune homme pour comprendre l’état d’esprit qui était commun à tous les bagnards de la prison du comté. S’ils s’apercevaient que deux d’entre eux détenaient les moyens de s’enfuir, ils hurleraient, les supplieraient ou leur cracheraient leur rage de ne pas avoir la chance de s’enfuir lorsqu’elle était offerte à d’autres. Les geôliers comptaient sans aucun doute utiliser la stupidité des uns pour servir de gardiens aux autres.
Tous n’étaient que d’immondes porcs. Les surveillants, les prisonniers, les chevaliers, les paysans et les marchands. Le mal devait être ancré profondément dans la nature humaine pour rendre victorieux les mauvais hommes et prisonniers ceux dont la naïveté aura survécu à l’épreuve de la société.
Mais diable ! Puisque Tristhan lui offrait aujourd’hui la chance de se venger du monde, Cathar jura qu’il la saisirait.
Le vieil homme dandina ridiculement ses membres fatigués afin d’emprunter l’étroit passage et peu de temps après, le jeune homme s’y engouffra à sa suite.
Les questions lui brûlaient les lèvres, mais se remémorant la promesses qu’il avait dût faire deux fois à son compagnon d’infortune, il décida de les garder pour lui, du moins pour un temps.
Ils marchèrent quelques mètres et bientôt, la prison ne serais plus qu’un mauvais souvenir.
Mais soudain, Tristhan s’arrêta dans son mouvement, comme s’il avait été foudroyé. Le grognement d’un chien était parvenu à ses oreilles. La bête, enchaînée à un piquet de bois et de fer solidement enfoncé dans le sol, disposait d’une belle gueule garnie de dents jaunes qui semblaient disproportionnés comparés à la taille ridicule de son corps et de ses pattes. Elle grogna un moment, tira inutilement sur sa chaîne, montra les crocs et se mit à aboyer avec une force rare.
Lorsqu’ils entendirent des pas précipités arriver de la prison, les deux fuyards prirent leurs jambes à leur cou. Malgré son état de santé qui faisait penser de lui qu’il était plus mort que vif, Tristhan fut particulièrement rapide et détala plus vite qu’un lapin.
Dans leur dos, ils entendirent des bruits de pas hâtés. Aucun doute possible : ils étaient poursuivis ! Haussant le pas, ils se mirent à courir aussi vite qu’ils le purent, la peur revigorant en un instant leurs muscles affaiblis par la faim et la fatigue.
Revenir en haut Aller en bas
http://kunekokun.skyblog.com/
Ono Ujia
Novice
Ono Ujia


Nombre de messages : 43
Age : 36
Localisation : En cours avec Gérard Miller
Date d'inscription : 13/02/2006

"En croyant tout gagner" Empty
MessageSujet: Re: "En croyant tout gagner"   "En croyant tout gagner" EmptyDim 7 Mai - 19:58

Lorsqu’il jeta un regard derrière son épaule, Cathar pût apercevoir trois ombres transportant d’étranges armes courtes qu’ils tenaient à deux mains mais que le chevalier ne pouvait distinguer avec la distance, le mouvement et l’obscurité.
Les gardes se mouvaient avec difficultés : la lueur de la lune se reflétait leurs armures de mauvais métal qui entravaient leurs membres tandis que l’heure tardive les époumonait rapidement. Quelques instants plus tard, à bout de souffle, les soldats s’arrêtèrent.
Mais de gigantesques doutes prirent forme dans la tête de Cathar lorsqu’il entendit le claquement caractéristique d’une corde propulsant un carreau venir de derrière son dos : les gardes étaient armés d’arbalètes !
Le premier de leurs traits vint se planter non loin du pied du jeune homme, ce qui eut pour effet de lui faire pousser un petit cri de surprise et de renforcer la peur qui hâtait ses pas.
Le second vint se ficher dans un jeune bouleau en un bruit sec, à des lieux des deux fuyards.
Il y eut un petit temps de latence pendant lequel Cathar crût que les gardes avaient renoncé à décocher leur troisième trait et la tension retombant légèrement, les deux hommes ralentirent un peu le pas.
C’est alors que Tristhan sentit une vive douleur enflammée lui percer la chair située en dessous de l’omoplate droite, avec une telle force qu’il fut projeté en avant.
Lorsqu’il vit son compagnon tomber au sol, le garçon hésita : il pouvais fuir et abandonner le vieux débris à son triste sort ou l’aider et risquer de nouveau sa liberté.
Alors qu’il se dit qu’il était stupide de risquer le billot après avoir connu les geôles et avoir eu la chance providentielle de pouvoir s’en évader, mais il fut soudainement pris de remords. Le vieillard lui avait offert la liberté, ne serais-ce pas que justice que de lui sauver la vie en retour ?
Il n’avait de toutes façons pas le temps de réfléchir et dût agir vite à défaut d’agir bien. Empoignant l’aïeul par le poignet, il le força à continuer de courir malgré le sang qui s’échappait de son omoplate. Le vieil homme gémit, mais Cathar n’en eu cure, le forçant contre son gré à sauver sa misérable vie. Si l’ancêtre devait se vider de son sang et expirer dans les bras du chevalier, il aurait la satisfaction d’avoir essayé de le sauver et trouverait, après tout, bien à faire de ses os et de ses intestins.
Derrière eux, les gardes s’entêtaient et avaient dégainé de courtes épées qui pendaient à leur ceinture. Ils n’avaient jamais été réputés pour leur courage ou pour l’amour de leur travail, mais le fait d’avoir blessé l’un des fuyards les avaient malicieusement encouragé à les poursuivre d’avantage lorsqu’à l’habitude, la fatigue et l’absence de motivation les aurait d’avantage disposé à abandonner.
Autour des fuyards, la forêt s’épaississait à chaque pas qu’ils faisaient. C’était peut-être leur chance d’échapper à la prison une bonne fois pour toutes !
Encouragé par cette perspective, Cathar tira à nouveau sur le poignet de son compagnon. Bientôt, tout sera fini. Bientôt.
Revenir en haut Aller en bas
http://kunekokun.skyblog.com/
Contenu sponsorisé





"En croyant tout gagner" Empty
MessageSujet: Re: "En croyant tout gagner"   "En croyant tout gagner" Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
"En croyant tout gagner"
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Swmin :: Divers-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser